Une société toxique…
…qui fabrique des parents toxiques?
Vous connaissez sans doute cet adjectif « toxicité », qualifiant habituellement les parents? Ayant eu l’expérience enfant de grandir et d’être accompagnée par un parent avec des failles et manques qui m’ont blessées à mon tour, je ne peux que mesurer combien les dégâts sont grands et doivent l’être encore plus pour celles et ceux qui ont subi à des niveaux plus intenses et plus violent.
Et en même temps, ce n’est pas ma préférence de mettre une étiquette. Et je suis assez décontenancé qu’on utilise aisément ce mot pour qualifier des Etres qui, à un moment dans leur vie, décident de donner la vie et/ou de l’accompagner et qui de par leurs blessures, leurs manques et leurs failles, n’ont pas suffisamment de ressources et de moyens pour répondre aux besoins de bases de leur enfant: sécurité intérieur, protection physique, émotionnelle et psychique… Le risque étant de les figer dans cet état d’être et qu’ils ne puissent faire autrement. Car nulle ne naît ainsi, toxique, pervers, persécuteur… On le devient avec les expériences de notre vie. Et j’ai l’espoir que l’on peut tous en sortir.
Et pour autant, il existe des réalités chez certains êtres qu’il faut nommer pour ne pas nier. Qu’il faut accueillir et parfois STOPPER avec la plus grande force protectrice pour faire en sorte que cette réalité n’abîme pas autour et ne vienne pas briser d’autres vies. Stopper la violence qui n’a pas lieu d’être.
Et comment s’y prendre, et comment anticiper, comment exercer un pouvoir de protection, sans exercer un pouvoir intrusif, abusif et punitif?
Entre hier où être parent c’était plutôt un rôle exercé entre quatre murs et cela ne changeait pas trop le quotidien, vu qu’on faisait s’adapter les enfants aux rythmes des adultes et qu’ils n’avaient pas le droit de mouffeter. La parentalité est aujourd’hui vue comme une épreuve difficile, un chamboulement, un tsunami parfois, surtout quand on souhaite un accompagnement plus dans le respect de l’enfant et de ses besoins. Au moins le tabou est levé! Parlons en!
« Epreuve difficile », « Tsunami », « chamboulement »… Et tout le monde à l’air de trouver ces mots comme une nouvelle norme qui se met en place!! Comme un rite de passage dans le vortex de la parentalité??? N’y a t il pas une inconnue à cette équation?
Est ce l’enfant qui bouscule, chamboule?… Et si oui, pourquoi? Nous avons nous pas parlé de bonheur, de la joie d’être parent? « Tu vas voir, être maman c’est que du bonheur. Moi, ça a changé ma vie! » Pourquoi cet écart entre l’image que l’on s’en fait qui circule dans notre société et la réalité?
Quelle est cette société d’aujourd’hui qui continue à faire circuler des histoires qui sont loin de notre réalité? Quelle est cette société qui projette de vouloir des parents parfaits, des enfants parfaits, des enfants « sages », des parents qui assurent. Que portons nous et que diffusons nous individuellement et collectivement et avons nous conscience des conséquences de ces schémas?
Je me sens tellement désemparée, bouleversée de si peu d’écoute, d’empathie, de soutien et à la fois tant d’exigences en retour. Je m’interroge, ces contradictions ne participeraient-elles pas à créer ou du moins à enfoncer encore plus dans la toxicité les parents? Eux qui au départ, étaient dans un élan d’accompagner la vie, et se sont retrouvés face à leurs manques, blessures, croyances, peurs et devant cet enfant pur et plein de vie, qui malgré lui, avec sa façon d’être au monde, met en lumière tout ce qui est cassé chez ses parents.
La société, dans laquelle je souhaite vivre, serait l’ensemble des individus portant la responsabilité du bien allé du collectif. Il se trouve qu’il n’y pas de responsabilité, de bien allé, de collectif.
Alors aujourd’hui, au lieu de dénoncer ce que la société ne fait pas, j’aimerais passer ce message: à nous parents de cette nouvelle génération, qui osons regarder au delà de nos œillères et qui avons mal d’y voir ce que nous y découvrons. Face à ce passé douloureux nous nous dressons avec FORCE et VULNERABILITE, dans toute la splendeur de notre humanité et aussi dans nos parties les plus sombres. Car oui la nature humaine est bonne, et oui l’être humain prit dans ce cercle vicieux de la violence, n’a en fait tout simplement pas les clefs pour en sortir.
Si quelques Etres ont les moyens à un instant T de voir cela, et s’ils sont capables d’une bienveillance et d’un accueil inconditionnel et en même temps de fermeté pour rediriger ou guider si besoin!! Qu’ils se présentent et aide les parents à retrouver le chemin de la paix.
Car j’invite chacun à voir au delà du problème qui émerge, et ne pas pointer du doigt trop vite un coupable. Rappelons nous que tout est lié, que nous formons un Tout. Si des parents en arrive à des relations toxiques avec leurs enfants, c’est que le cercle vertueux à été brisé, et il y certainement d’autres points qui ne vont pas. Les parents aux comportements toxiques sont en souffrance eux même.
Prenons soins des parents, ils sont les jardiniers d’un futur meilleur et les premiers garants d’une enfance heureuse.