Etre bienveillante, tout le temps?
Quand les ressources manques: post it à mettre sur le frigo.
Il y a 6 ans j’écrivais ces mots: « La bienveillance pour moi c’est avant tout le lien avec ce qui est humain en nous. La bienveillance c’est apprendre à accueillir tout ce qui est vivant en nous et en l’autre. Ca s’apprivoise un jour, ça se décide un autre et ça fluctue sans cesse. On ne peut exiger quelle soit là. On ne peut qu’espérer POUVOIR lui faire une place à l’intérieur de nous, un peu plus grande chaque jour. »
Ce qui est Humain en nous, tant la joie, la créativité, la paix, l’amour … que la violence, oui, tout ça fait partis de notre humanité.
Marshall Rosemberg disait: « C’est parce que je suis en paix avec ma violence, que je peux choisir la non violence »
Et je me rend compte aujourd’hui que je vais encore écrire sur ce thème. Pourtant, bien du chemin et des tentatives de transformations en ces 6 années… Mais parfois j’oublie. Je lutte encore et encore contre mon conditionnement. Et c’est cette lutte même qui m’amène à vivre la violence.
Oui j’ai changé beaucoup de choses dans ma vie, mon quotidien. A l’extérieur, tout paraît différent. A l’intérieur, les choses changent doucement. C’est un peu comme mes accouchements… La maturation du col est lente! Et justement, je remarque une chose: chercher le changement à l’extérieur n’aide pas toujours.
A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai passé une sale journée. Une journée où je cumule les difficultés: mes règles qui approchent + je souffre d’un syndrôme prémenstruel plusieurs jours avant (tiens, faudra que je vous en parle ici!) + deux enfants malades + un compagnon en voyage-travail à Paris pour deux jours + pas de relais autre + une journée chargée en perspective…
Et la tension monte dès le matin. Mon petit qui n’a que 4 ans et encore des ressources (patience, compréhension, adaptation…) limités, commence sa première crise 1h30 après le levé, en pleine rue. Nous revenons de chez le médecin que nous voulions consulter et rebroussions chemin après le constat amer d’une file de patients qui sort de la salle d’attente.
Je reprend mon calme en apparence, une fois rentrée, et essais de contenir la chose qui monte en pensant qu’il faut agir et décider…
Peut-être que c’est là le hic…
Je pense toujours quand ça dérape, aux autres mères. Je m’imagine que leur violence est certainement moindre que la mienne. Je pense toujours que je devrais faire ceci ou cela. Que les choses devraient être ainsi ou comme ça. Que mes enfants devraient faire ou dire cela. Et donc je contient la tension pour éviter qu’elle ne sorte. Est ce que ça m’aide? Non.
Il y a une chose que je sais encore peu faire: me donner de l’amour, du temps, de l’accueil, de l’espace. Je suis tendue, crispée vers mon objectif. Tous les voyants sont aux rouges pour y aller, et je continue à chercher des voies de bifurcations. Tellement bien dressée à foncer tête baissée. Tellement peu habituée à lâcher le contrôle. A lâcher l’objectif un instant pour me reconnecter à moi: Mes conditions, mes moyens, mes ressources du moment.
Oui me donner de l’espace. Le droit au temps. Il persiste dans mes croyances, que mes enfants demandent et dictent un rythme, leur rythme, et qu’il faut cadencer mes réponses en fonction de leur rythme.
NON. Chacun son rythme.
Car suivre le rythme des autres, sans écouter le miens, me conduit directement à de la violence. A l’intérieur de moi, et ça je le décele encore trop peu. Et assez rapidement, la violence s’exprime à l’extérieur, si je sens que c’est possible. C’est à dire dans un cercle que mon enfant intérieur juge assez sécure. Et la famille c’est idéale pour lui!
De plus, quand je me laisse rythmer de l’extérieur, sans garder mon gouvernail intérieur, je perds ma capacité de discernement et ma capacité à prendre des décisions ajustées, à ne pas réagir, mais agir et dire des choses qui vont contribuer pour moi et les autres.
J’utilise ma seule ressource disponible dans ces moments là: mes autoroutes neuronales tracées depuis l’enfance, c’est à dire, mon conditionnement. Et là, ça devient chaud à gérer. Souvent c’est pas du bon qui sort. Car un sentiment d’être démunie, débordée, et un conditionnement qui prend les commandes = il faut rétablir l’équilibre par un RAPPORT de FORCE et donc VIOLENCE. Car mes enfants n’aiment pas ce revirement en rapport de force!
Alors même que mon souhait le plus cher est la co création, l’écoute, l’empathie…
Et dans ces moments là me re connecter à ça, quand j’enclenche ce processus, est extrêmement difficile.
Ce que je sais maintenant, contrairement à il y a 6 ans!
**C’est que les ressources ne manquent pas. Elles sont là. Mais nulle n’est magicien et ne peut les faire apparaître d’un coup de baguette. L’ANTICIPATION et l’ACCUEIL des limites de chacun-unes est la clef.
**Je n’ai pas toutes les ressources en moi. Et je me dois (ainsi qu’à mes enfants au passage!) d’aller les chercher quand il y a un besoin, un déséquilibre.
**J’ai le droit d’en prendre conscience à mon rythme, de manquer provisoirement de discernement des besoins en creux pour chacun quand ça va vite pour moi.
**J’ai le droit de prendre le temps de faire les démarches, de chercher et d’essayer divers expériences… ET DE ME TROMPER.
**J’ai le droit de réajuster. Se tromper ne veut pas dire qu’on est sur la mauvaise voix. Juste qu’on à le droit de retenter une autre expérience!
**Je me promet d’apprendre à sentir mes ressources diminuer. A connaître et à RECONNAITRE mes signes d’épuisement, morale, physique, émotionnel…
**Je me promet de mettre en place des stratégies avec des ressources humaines variées et constantes, surtout dans ces moments où moi j’ai besoin de lâcher.
La liste n’est pas exhaustive, c’est celle du moment.
Et toi qui me lis, fais tu des points et des listes dans des prises de conscience après des galères où tu te trouves ? Racontes moi en commentaires ou écris moi 😉